Ce matin je me suis promenée dans le quartier de mon frère, "je te préviens c'est un labyrinthe", j'ai compris pourquoi, on ne tombe pas là où on pensait arriver. En soit si on sait revenir sur ses pas c'est le plus important. J'ai décidé alors de faire un tour sur les coups de 7h afin de profiter de la fraîcheur du matin et du trafic plus léger. Au bout de 5 min de marche, l'humidité ambiante se faisait déjà sentir et il y avait déjà beaucoup de tuks-tuks et scooters sur les routes de poussière. Au détour d'une ruelle j'ai croisé des écoliers habillés en bleu, cartable sur le dos, le sourire aux lèvres en me croisant. Ils rejoignaient leurs camarades qui chantaient avec grand sérieux et passion dans la cours en rangs bien alignés devant leur professeur. En continuant cette ruelle je me suis retrouvée au beau milieu d'un marché. J'ai été émerveillée par les couleurs et étonnée par les senteurs de mélange de citronnelle, de multitudes d'herbes, d'épices, de fruits de mer et d'abats reposants en plein air. Les postures et visages étaient différents, c'etait interessant à observer, j'essayais toutefois de ne pas dévisager ces personnes, parfois nos regards se croisaient. Je me suis laissée porter tout en gardant en tête le chemin effectué pour pouvoir rentrer toute seule. "Surtout ne te perds pas!" m'a dit mon frère poule avant qu'il prenne la route pour le travail en ce lundi matin après avoir passé le week end ensemble. Il faut se perdre pour trouver son chemin, c'est pour ça que je suis là non? Mais avec vigilance bien sûr, alors essayons de vivre les choses comme elles viennent, me suis je dit en marchant.

Sur mes pas j'ai croisé deux gros poissons qui ont sauté hors d'un bac d'eau posé un peu plus loin et qui se tortillaient. Il m'a fallu du temps pour réaliser que ces poissons étaient en train d'agoniser sur le sol et que je ne pouvais pas passer à côté sans réagir. J'en ai saisi un qui a glissé de mes doigts, visqueux et vif. Quelles sensations bizarres ... je n'ai jamais vraiment attrapé de poissons vivants et cela a dû se voir ! Tout ce petit monde autour de moi me regardait et rigolait en voyant la scène, j'étais devenue l'attraction, alors que quelques minutes avant c'était eux qui l'était pour moi. J'ai eu le droit à des acclamations une fois les poissons remis dans l'eau. La vendeuse m'a tendu son torchon afin que je puisse essuyer mes mains et m'a lancé un "Acun" (merci en khmer) avec un sourire magnifique. J'ai continué mon chemin ne réalisant pas ce qui venait de se passer. Plus loin un homme m'a salué en passant avec un grand sourire "Bonjour Madame !" (Mais comment sait il que je suis française? On s'en fiche c'est trop chou!) "Bonjour Monsieur!". En faisant demi-tour pour rentrer, j'ai croisé les regards de ceux et celles qui ont vu la scène avec les poissons, j'ai ressenti une sorte de complicité, la gêne et la timidité se sont envolées.

Voici ma première sortie seule, avec moi-même, dans un petit pâté de maison de l'immense ville qu'est Phnom Penh, je suis contente d'avoir vaincu mes appréhensions et je retournerai sans aucun doute faire un tour dans ce marché pour faire mes emplettes, vous connaissez ma passion pour la cuisine, et apercevoir le sourire des locaux mais un tout petit peu plus tôt pour profiter pleinement.